Mis à jour le 13 octobre 2022
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Historique de la création de notre Parc péri-urbain

A deux pas de la Capitale, cerné par la ville nouvelle de Saint-Quentin-en-Yvelines d’un côté et le plateau de Saclay de l’autre qui se rêve en Silicon Valley à la française, le Parc de la Haute Vallée de Chevreuse est un objet territorial singulier. Trente ans après sa création, il reste plus que jamais indispensable pour préserver un patrimoine naturel et culturel d’exception.

C’est le 20e Parc créé et le premier proche des villes. Le Parc de la Haute Vallée de Chevreuse s’est construit en 1987 en opposition à l’expansion de la ville nouvelle de Saint-Quentin en Yvelines qui menaçait ce territoire exceptionnel par la qualité de ses rivières, de ses paysages, de sa biodiversité et de son patrimoine architectural faits de simples lavoirs, de modestes écoles mais aussi de châteaux, d’abbayes et d’églises. « La banque Lazare a même envisagé la construction d’une barre de logements dans le parc du Château de Dampierre » se souvient Guy Poupart, maire de Bonnelles et Vice-Président du Parc. Rassemblant 23 communes au départ, le Parc en compte 51 depuis la dernière révision de la charte en 2011.
 
« Trente ans après sa création, les effets du Parc sont mesurables. Il a permis d’éviter la construction d’une autoroute, d’un aéroport et globalement contenu l’urbanisation », estime Philipe Saint Marc, fondateur du Comité de sauvegarde de la vallée de Chevreuse qui fut l’un des principaux acteurs de la création du Parc. Emilie Duc, responsable évaluation au Parc, a dressé un premier bilan des objectifs inscrits dans la charte. Elle montre par exemple que le taux d’artificialisation est globalement stable entre 2008 et 2012 avec une très légère augmentation de 0,23 %. Et l’urbanisation est plus intense autour du Parc. Cet effet ralentisseur est saisissant quand on regarde aux limites du Parc, vers Le Mesnil-Saint-Denis, de Magny-Les-Hameaux et Châteaufort : l’extension urbaine des villes voisines épouse presque parfaitement les contours du Parc. Il suffit d’une carte pour s’en apercevoir. « C’est le résultat du plan de Parc qui définit à la parcelle près l’enveloppe urbaine, c’est-à-dire les zones déjà construites et celles où il est encore possible de construire » commente Emilie Duc.
Limiter la consommation d’espace
 
Ce plan « négocié » avec les communes est juridiquement contraignant et s’impose à elles, en particulier au principal document de planification qu’est le PLU (plan local d’urbanisme). Cela n’empêche pas toute construction. Il reste un potentiel à valoriser en densifiant le tissu urbain et une réserve foncière représentant 0,5 % de la superficie du Parc répartie sur les 51 communes. Mais cela préserve les milieux naturels et la biodiversité. «Il a fallu faire preuve de beaucoup de pédagogie et de sensibilisation pour susciter aujourd’hui une véritable prise de conscience de la nécessité de limiter le plus possible la consommation d’espace malgré la forte pression foncière», explique Jennifer Bureau, chargée de mission urbanisme au Parc. Certaines communes consultent systématiquement l’Atelier d’urbanisme du PNR sur leur projet. « Nous sommes présents à leur côté pour leur permettre de respecter la charte mais aussi pour améliorer la qualité des projets lorsque nous pouvons travailler en amont ».

Eviter de consommer des espaces naturels, c’est ce même objectif que visait la commune de Bonnelles lorsqu’elle a demandé au Parc de l’aider à protéger durablement de l’urbanisation un terrain voué à devenir un terrain de golf. Après un inventaire demandé au Parc, nous avons décidé ensemble de classer le terrain en Réserve Naturelle Volontaire. « Le parc joue ainsi un rôle de conseil essentiel et d’accompagnement dans la vie de la commune en apportant un regard extérieur » explique Guy Poupart. « Chaque parc répond à des priorités, ajoute Anne Le Lagadec, la directrice du Parc. Nous, c’est aujourd’hui surtout en matière d’urbanisme, de gestion de l’eau et de protection des zones humides. Nous jouons d’ailleurs le rôle d’un syndicat de rivière ». Grâce à un pôle environnemental fort, le Parc est la seule institution locale à pouvoir aborder ces questions de façon transversale dans toute leur complexité prenant en compte pour les rivières leur dynamique, mais aussi la faune et la flore et les contraintes des usagers.

Le Parc, tête de pont de l’innovation
 
Animateur territorial et conseiller pour les habitants et les communes, le Parc est aussi une tête de pont pour l’innovation sociale. Il a financé ainsi la concertation expérimentale réalisée à Fontenay les Bris pour revitaliser son centre bourg ; grâce au Parc, au Mesnil, en récupérant quelques parcelles de fond de jardin, la commune a construit 53 logements sociaux au centre Bourg parfaitement intégré. Le centre de séminaire de Port royal a été réhabilité dans une démarche écoresponsable en suivant les conseils du Parc. C’est cette dynamique qui a poussé la commune des Molières à intégrer le Parc en cours de charte à la suite d’une votation citoyenne qui a remporté 82 % de suffrages. Créatif, le Parc l’est aussi pour le développement économique, en étant pionnier pour le financement participatif.
 
Commerces, production maraîchère locale, alimentation durable, énergie, démocratie participative, monnaie locale, les projets foisonnent. « Ils sont en totale résonance avec les objectifs de la charte » souligne Yvan Lubraneski, le maire des Molières. L’intérêt de faire partie du Parc est également de rejoindre un réseau de communes pour échanger sur les initiatives. Atout supplémentaire : « Le Parc joue un rôle de levier pour apporter des subventions qui nous permettent de faire évoluer notre commune » ajoute le Maire. Une cuisine centrale devrait ainsi voir le jour pour assurer la restauration collective de l’école et des trois établissements médicaux sociaux. Elle sera en partie alimentée par de la production locale que favorise la commune.
 
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Les Molières
Construire ensemble
 
Yvan Lubraneski en est certain : « Pour tous ces sujets, le parc est le territoire le plus pertinent. C’est un lieu de coopération et de mutualisation ». Voilà sans doute l’un des grands atouts du parc : mettre en commun les énergies et les idées pour agir sur le territoire et penser son avenir. « Un Parc permet de réunir des acteurs publics et privés d’horizons variés qui développent des projets communs » confirme Anne Le Lagadec. Alors que souvent on reproche une coupure entre les administrations et leurs usagers. Ce n’est pas le cas des Parcs qui savent tricoter des liens avec le public, habitants du PNR et visiteurs franciliens. « Garder le lien avec le grand public est essentiel, reprend la directrice. Les parcs ont été aussi conçus comme des espaces récréatifs, notamment pour les urbains qui viennent y trouver un lieu de respiration. Un parc qui n’apporterait plus rien à ces excursionnistes comme à ses habitants poserait problème. »
 
Jouant sur l’interdisciplinarité de ses équipes, le Parc a la capacité d’intégrer des problématiques complexes pour proposer des solutions originales. « C’est d’ailleurs la seule structure administrative locale qui puisse faire un travail aussi tranversal », explique Guy Poupart. Il prend pour exemple la toute récente voie cyclable qui traverse sa commune et fait partie d’un ensemble plus vaste d’une route cyclable de 450 kilomètres qui part de Paris pour aller jusqu’au Mont Saint Michel : la véloscénie. « Pour en dessiner le tracé, le Parc prête attention à la fois aux aspects paysagers, au milieu naturel, aux impératifs des usagers et à la façon dont il s’articule avec les autres voies existantes pour construire progressivement un véritable réseau de mobilité douce sur l’ensemble du territoire, reprend le maire de Bonnelles. Et le Parc privilégie des aménagements qui correspondent à la sensibilité locale plutôt que de prescrire du mobilier urbain ».
 
Face aux menaces que fait peser la pression urbaine croissante des territoires qui l’entourent, le Parc est plus que jamais pertinent pour lutter contre l’érosion de la biodiversité, préserver des paysages rares, rester un îlot de verdure pour le plus grand bénéfice de ses habitants et des urbains qui vivent autour. Et bien sûr, pour inventer une autre vie. 
 
Article l'Echo du Parc n°76 (janvier 2018) - Pierre Lefevre
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